Donner des ELLES à la santé
Je m’appelle Géraldine Pignot, je suis Chirurgienne-Urologue à Marseille et je suis également la Présidente d’honneur de l’association « Donner des Elles à la Santé ».
Association loi 1901 crée en 2020, « Donner des Elles à la Santé » est constituée de membres qui sont à la fois des médecins, mais également des administratifs - notamment des directeurs d’hôpitaux - ce qui nous permet d’avoir une vision très complémentaire de ce qui se passe à l’hôpital.
L’objectif de cette association est de promouvoir l’égalité professionnelle femme-homme à l’hôpital, de lutter contre les discriminations et les comportements sexistes.
Où en est-on de l’égalité femme-homme dans le secteur de la santé ?
Malgré une forte féminisation des métiers de la santé, avec 53 % des médecins à l’hôpital qui sont des femmes, les questions d’égalité femme-homme ne sont pas encore très avancées à l’hôpital.
Dans un sondage réalisé avec l’institut IPSOS, « Donner des Elles à la Santé » a recensé que 85 % des femmes à l’hôpital avaient déjà été victimes de comportements de discrimination, notamment concernant l’accès aux postes à responsabilités ou les activités de représentation dans les congrès ou les médias.
Des comportements de discrimination toujours présents dans le milieu hospitalier ? *
85%
des femmes médecins...
SE SONT SENTIES DISCRIMINEES DU FAIT DE LEUR SEXE DANS LEUR PARCOURS
59%
observent que les hommes
SONT DAVANTAGES SOLLICITES DANS LES ACTIVITES DE REPRESENTATION
(vs 63% en 2021)
*Étude Ipsos réalisée du 2 février au 2 mars 2022 à partir d’un échantillon de 521 médecins hospitaliers
Concernant les comportements sexistes, 80 % des femmes disent en avoir déjà été victimes dont 33 % d’entre elles de violences sexuelles ou d’attouchements et elles ne sont que 16 % à en parler ouvertement, ce qui témoigne bien de l’omerta qui règne encore à l’hôpital.
C’est peut-être effectivement plus marqué dans le milieu de la chirurgie.
En urologie, dans ma spécialité, un sondage a été réalisé auprès de femmes urologues en 2016 et 2020. On y retrouve à peu près les mêmes chiffres en termes de discrimination.
Les femmes sont assez nombreuses à dire qu’elles n’ont pas pu choisir leur sous-spécialité et que, bien souvent, on leur conseille de faire de l’incontinence urinaire ou de la pelvi-périnéologie, mais rarement de la cancérologie.
Elles se sentent également sous-représentées dans les instances, notamment au conseil d’administration de leur association.
Quelles sont les actions de l’association « Donner des Elles à la Santé » ?
L’association « Donner des Elles à la Santé » a plusieurs objectifs.
L’un de ces objectifs est d’accompagner les établissements de santé dans une démarche égalité. Cette démarche égalité est désormais obligatoire : depuis 3 ans, il faut que les établissements déposent auprès de leur agence régionale de santé (ARS) un plan égalité et nomment un référent égalité.
L’association est là pour les accompagner dans cette démarche et notamment les inciter à mettre en place des actions concrètes.
Nous avons également des actions de sensibilisation, nous rencontrons les instances, et notamment les ministères, pour discuter de ces problèmes de discrimination et de sexisme au sein de l’hôpital.
Et puis nous développons des activités d’ateliers d’empowerment des femmes.
Grâce à l’association « Donner des Elles à la Santé », voyez-vous évoluer les choses ?
Depuis 3 ans nous voyons les choses évoluer au sein de l’association, lentement, certes, mais très probablement les mouvements sociétaux de libération de la parole que l’on a pu suivre ont participé à l’évolution des choses et à la prise de conscience à l’hôpital également.
Comment peut-on soutenir les actions de l’association « Donner des Elles à la Santé » ?
Les professionnels de santé peuvent s’engager directement en devenant membres de l’association « Donner des Elles à la Santé ». Mais ils peuvent, plus simplement, relayer les informations notamment celles de notre sondage IPSOS pour participer à la sensibilisation autour de ces thématiques de discrimination et de comportements sexistes. Et puis être vigilants tous les jours à l’hôpital, c’est notre responsabilité collective, notamment à l’égard des jeunes générations pour éviter que ces comportements ne se perpétuent et pour que nous sortions de ce sexisme qui a été trop longtemps banalisé.
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GP déclare ne pas avoir de conflit d’intérêts en lien avec le texte publié.